Qu’est-ce que le syndrome des ovaires polykystiques (SOPK) ?
Le syndrome des ovaires polykystiques que l’on résume souvent par ses initiales, SOPK se définit comme un trouble hormonal et métabolique. Hormonal, car les femmes atteintes de SOPK présentent un mauvais fonctionnement hormonal, plus précisément une altération de la régulation des hormones sexuelles avec une hyperandrogénie, caractérisée par un excès d’hormones masculines dans le sang comme la testostérone.
C’est aussi un trouble métabolique, car s’y ajoute un dysfonctionnement du métabolisme. Il est couramment constaté chez ces patientes une difficulté de l’organisme à gérer correctement les sucres ou les lipides absorbés au travers de l’alimentation. Les femmes diagnostiquées pour le SOPK présentent aussi des difficultés à synthétiser certaines hormones sexuelles féminines comme les œstrogènes. Elles sont normalement produites par le corps à partir du cholestérol trouvé notamment dans l’alimentation.
Les symptômes exprimés peuvent être fort différents d’une femme à l’autre. Néanmoins, en plus d’une irrégularité des cycles souvent associée à une infertilité, il est constaté une hyperandrogénie qui va se traduire par un hirsutisme où des poils épais, sombres et excessifs poussent sur des parties du corps où la pilosité est normalement plus faible, comme le visage, la poitrine, le dos, l'abdomen, et les membres. Cet excès d’hormones masculines est aussi chez certaines femmes, à l’origine d’une acné persistante à l’âge adulte et d’une alopécie, c’est-à-dire une perte de cheveux plus ou moins importante. Ces symptômes caractéristiques d’une hyperandrogénie sont plus ou moins prononcés suivant chaque femme et pour une même femme aussi tout au long de sa vie.
Pourquoi et comment se déclenche le SOPK
Pour mieux comprendre les différents symptômes du SOPK, il est important de comprendre pourquoi et comment cette pathologie se déclenche et comment elle se développe. Les causes exactes du SOPK sont nombreuses et pas toujours encore bien comprises. Ce que l’on sait, c’est qu’à l’origine il y aurait un mauvais fonctionnement d’une petite glande endocrine adossée au cerveau. Cette glande, l’hypophyse, fabrique deux hormones essentielles à la maturation des ovocytes et à l’ovulation, la FSH et la LH.
FSH veut dire hormone folliculo-stimulante et comme le nom l’indique, elle stimule la maturation des follicules dans l’ovaire pour leur permettre de devenir petit à petit des follicules matures prêts pour l’ovulation qui est déclenchée par l’autre hormone synthétisée par l’hypophyse, la LH, qui signifie en français hormone lutéinisante. Elle se produit une fois par cycle lorsque sous l’effet d’un pic du taux de LH, le follicule dominant éclate, libérant l'ovocyte mature dans la trompe de Fallope, où il pourra être fécondé par un spermatozoïde.
Hyperandrogénie au centre du SOPK
L’hormone lutéinisante, produite par l’hypophyse a pour rôle de déclencher l’ovulation, mais elle a aussi pour rôle de stimuler la production par les follicules ovariens, d’hormones masculines, les androgènes et indirectement des hormones féminines, les œstrogènes. Même si cela peut sembler surprenant, les ovaires d’une femme en bonne santé produisent régulièrement des androgènes comme la testostérone qui est immédiatement transformée par le métabolisme en œstrogènes, qui sont indispensables à l’ovulation et à la fécondation.
Chez les femmes atteintes de SOPK, les follicules immatures s’accumulent et sont ainsi très nombreux. Sous la dépendance de LH, ils produisent alors une quantité anormalement importante d’hormones masculines que l’on retrouve dans le sang constituant l’hyperandrogénie observée chez ces patientes.
De plus, chez ces femmes, la transformation normale de la testostérone en œstrogènes ne fonctionne pas correctement. Les taux d’œstrogènes sont trop bas et surtout s’accumulant dans le corps contribue au renforcement de l’hyperandrogénie déjà constituée.
Cette dernière est bien au cœur du déclenchement du SOPK, mais nous allons le voir de sa propagation et de la plupart des symptômes et effets délétères sur la santé de la femme en général et plus particulièrement sur sa santé reproductive.
Troubles du cycle
Le SOPK se caractérise en particulier par une hyperandrogénie. L’excès d’hormones masculines agit indirectement sur l’hypophyse, et réprime la synthèse par cette glande de la FSH et de la LH faisant baisser leurs taux dans le sang.
Si ces deux hormones ne fonctionnent pas correctement, à la fois les follicules ovocytaires n’évolueront pas normalement vers un follicule mature et par manque de LH, l’ovulation ne peut se produire. N’étant pas expulsés, ces follicules immatures s’accumulent dans les ovaires et finissent par former les kystes qui ont donné son nom à ce syndrome.
Les difficultés à maturer les follicules se traduisent par des cycles irréguliers, des dates de règles changeantes. Un déficit en LH peut aller jusqu’à provoquer une absence d’ovulation et bien entendu une infertilité plus ou moins durable et prononcée.
Syndrome métabolique
Le syndrome métabolique sans être une maladie proprement dite est une combinaison de plusieurs troubles métaboliques, notamment une résistance à l'insuline, une hypertension artérielle, un taux élevé de lipides sanguins (cholestérol et triglycérides) et un excès de graisse abdominale. Ces troubles métaboliques augmentent la probabilité de développer des maladies cardiovasculaires, un diabète de type 2 et d'autres problèmes de santé. Les mécanismes liant le SOPK au syndrome métabolique sont complexes et pas entièrement compris, mais en simplifiant, les androgènes favorisent l’accumulation de graisse au niveau de l’abdomen.
Cette accumulation de graisse abdominale, qui n’est pas le lieu de stockage normal de la graisse chez la femme, envoie dans la circulation sanguine de nombreux signaux favorisant l’inflammation qui finissent par rendre les muscles insensibles à l’insuline. C’est-à-dire qu’ils ne répondent plus au signal envoyé par l’insuline d’absorber le glucose du sang. En réaction, l’organisme se met alors à produire des quantités d’insuline de plus en plus importantes pour compenser la perte de sensibilité des muscles. Les médecins parlent de résistance à l’insuline et d’hyperinsulinisme.
Mais malheureusement, une grande quantité d’insuline dans le sang n’a pas que des conséquences sur la régulation du taux de glucose. En effet, l’insuline est aussi capable d’agir directement sur l’hypophyse pour lui commander de produire en grande quantité la LH qui, comme nous venons de le voir, stimule la production d’hormone mâle par l’intermédiaire des nombreux follicules ovariens immatures qui s’accumulent chez les femmes SOPK.
Le désordre hypophysaire primaire augmente la production par les follicules ovariens, d’hormones mâles qui provoquent une accumulation de graisse abdominale. L’inflammation ainsi créée augmente la quantité circulante d’insuline qui stimule la production de LH par l’hypophyse et donc d’androgènes par l’ovaire. La boucle est bouclée, s’installe alors un véritable cercle vicieux, avec les conséquences constatées sur la fertilité et progressivement avec le temps, l’installation d’un diabète de type II.
Diagnostic SOPK
La présence de symptômes, tels qu’une variabilité des cycles menstruels, une pilosité excessive ou une acné à l’âge adulte, un surpoids et plus encore une obésité sont considérés comme autant d’indicateurs qui peuvent, qui doivent donner l’alerte. Cela ne reste pas suffisant pour conclure et poser soi-même un diagnostic sans prendre un avis médical.
Aujourd’hui le diagnostic médical du SOPK repose sur ce que les médecins appellent les critères de Rotterdam. Ils ont été définis à l’origine en 2003 à l’occasion d’un congrès que se tenait précisément à Rotterdam. Ils permettent de confirmer ou infirmer un diagnostic de SOPK si le médecin décèle au moins deux des critères suivants :
Variabilité des cycles menstruels
Une ovulation irrégulière ou absente, des cycles inférieurs à 21 jours ou supérieurs à 35 jours sont considérés comme anovulatoires, c'est à dire anormales. Certaines femmes atteintes de SOPK peuvent avoir aussi des règles très abondantes ou qui durent plus longtemps que la normale. Elles peuvent être plus susceptibles de souffrir d'aménorrhée, c’est-à-dire une absence de menstruation et donc de production d'ovocytes matures.
Échographies abdomino-pelvien et endovaginale
Le nom de syndrome des ovaires polykystiques vient des observations qui ont été faites, par les premiers médecins qui ont caractérisé cette pathologie au milieu des années 30. Ils avaient constaté que les ovaires de ces patientes présentaient une accumulation de petits kystes. D’où le nom, de syndrome des ovaires polykystiques, c’est-à-dire la maladie qui se caractérise par un ovaire présentant une multitude de ce qui apparaissait alors comme de petits kystes, autrement dit un ovaire polykystique. Nous savons aujourd’hui que ces kystes sont en réalité des follicules immatures qui ne pouvant évoluer, s’accumulent dans l’ovaire.
Aujourd’hui une simple échographie abdomino-pelvien permet de visualiser et quantifier les nombreux petits follicules remplis de liquide contenus dans les ovaires, mais aussi de mesurer la taille des ovaires qui peuvent être plus gros que la normale en raison de l'accumulation de ces follicules immatures. Cependant, une échographie endovaginale est souvent préférée à une échographie abdomino-pelvien pour mieux diagnostiquer le SOPK.
Bien que tout aussi indolore, mais moins confortable qu’une échographie abdomino-pelvien, une échographie endovaginale permet une meilleure résolution des images des ovaires et peut aider à mieux identifier et distinguer les follicules typiques du SOPK, comme les follicules antraux. Cet examen permet aussi de détecter d'autres anomalies gynécologiques qui pourraient présenter des symptômes similaires.
Bilan sanguin
Une hyperandrogénie clinique, c’est-à-dire lorsque le médecin constate des symptômes connus pour être liés à un excès d’hormones masculines. C’est le cas de l’hirsutisme, d’une acné persistante ou d’une alopécie. Souvent ces symptômes doivent être confirmés par la mesure dans le sang, de taux anormalement élevés d’androgènes, mais aussi de toutes les autres hormones sexuelles qui influencent la régularité menstruelle et la fertilité de la femme. En général, un bilan hormonal complet comprend le dosage sanguin de ces hormones :
- Testostérone : La testostérone est une hormone sexuelle masculine qui peut être élevée chez les femmes atteintes de SOPK.
- Hormone folliculo-stimulante : La FSH est une hormone sécrétée par l'hypophyse qui stimule la croissance des follicules dans les ovaires.
- Hormone lutéinisante : La LH est une hormone également sécrétée par l'hypophyse qui déclenche l'ovulation et la formation du corps jaune dans l'ovaire, mais aussi stimule la production d’androgènes par les follicules ovariens.
- Hormone anti-Müllerienne : L'AMH est une hormone produite par les follicules ovariens en développement. Son taux élevé peut être un indicateur du nombre de follicules antraux, qui sont caractéristiques du SOPK.
- Œstrogènes et progestérone : Un excès d’androgènes peut perturber la production d'hormones sexuelles féminines, notamment les œstrogènes et la progestérone.
Le moment idéal pour mesurer la testostérone, la FSH ou la LH est généralement au cours de la première moitié du cycle menstruel, idéalement entre le deuxième et le cinquième jour. En revanche, l'AMH peut être mesurée à n'importe quel moment du cycle menstruel, car cette dernière ne varie pas significativement dans le temps.
Quels sont les traitements pour le SOPK ?
Il n’existe pas de traitement spécifique du SOPK. La prise en charge du SOPK est exclusivement un traitement symptomatique c’est-à-dire visant à améliorer les symptômes et minimiser les causes et les effets de l’hyperandrogénie et surtout de la résistance à l’insuline, en particulier en réduisant la graisse abdominale et donc limitant le surpoids. Aujourd’hui la première mesure que proposent les gynécologues aux femmes atteintes du SOPK, est une intervention sur leur style de vie et notamment au travers d’une amélioration de leur nutrition. Plusieurs études cliniques montrent qu’une perte de poids, et de graisse abdominale, même minime 5-7%, permet d’améliorer les taux de grossesses chez les femmes atteintes par le SOPK.
Une supplémentation en inositols, des molécules naturelles que l’on trouve en petite quantité dans les céréales complexes et les légumineuses, est souvent recommandée par les médecins du fait de leurs propriétés à réduire la sensibilité à l’insuline et les effets de l’hyperandrogénie.
Les médecins peuvent aussi utiliser des médicaments pour traiter le diabète de type II qui vont améliorer la sensibilité à l’insuline. Ils peuvent aussi prescrire des pilules contraceptives combinées qui contiennent des hormones œstrogènes et progestatives. Bien entendu, ce traitement efficace pour réguler les cycles menstruels, réduire l'hyperandrogénie et soulager les symptômes du SOPK ne peut pas être utilisé pour les femmes en désir d’enfant.
En conclusion
Le SOPK est une pathologie plus courante que ce que l’on pourrait le croire. Les médecins considèrent que plus de 10% des femmes en âge de procréer sont atteintes de ce syndrome. C’est même la maladie hormonale la plus fréquente chez les femmes en âge de procréer et surtout aujourd’hui la première cause d’infertilité féminine.
Si les symptômes à l’adolescence peuvent apparaitre de peu d’importance, une hyperandrogénie caractérisée par ses désagréments comme l’hirsutisme ou l’acné, sans prise en charge adaptée, un SOPK peut dégrader la santé des femmes tout au long de leur vie. Il va se manifester souvent à la trentaine par une infertilité plus ou moins prononcée et à la cinquantaine par un diabète de type 2 et une augmentation importante du risque cardio-vasculaire.
C’est pour cela qu’il est important de le détecter le plus tôt possible en reconnaissant ses symptômes. Une fois le diagnostic confirmé par un médecin, il faut le prendre en charge en adoptant le plus vite possible, une bonne hygiène de vie et maintenir un poids optimal tout au long de son existence.